jeudi 15 janvier 2015

26 nivôse, an CCXXIII

Représentations de Mahomet...?



Et non, le Coran n’interdit pas les représentations du prophète... 



" D'autre part, il est fort peu probable que le moine chrétien qui a exécuté ce dessin ait pu avoir l'idée de commettre un blasphème par le simple fait de représenter le Prophète.
Car du côté musulman, cette question n'était alors l'objet d'aucun débat ni polémique."


 "En fait, ce n'est pas le Coran qui prône l'interdiction de représentation de Mahomet - comme d'ailleurs celle d'humains et d'animaux -, mais les hadiths - des recueils qui rassemblent les actes et les paroles attribués au Prophète. Mais s'il fallait les suivre à la lettre, il ne devrait y avoir ni statues, ni photographies, ni télévisions dans les pays musulmans. En fait, les hadiths tentaient d'abord de combattre l'idolâtrie, un péché dénoncé dans l'islam, comme d'ailleurs dans le judaïsme et le christianisme..." 
http://www.lepoint.fr/culture/le-coran-n-interdit-pas-les-representations-de-mahomet-12-01-2015-1895682_3.php
"Une caricature de Mahomet, il y a 800 ans" :
Un visage barbu posé sur un cou de cheval recouvert de plumes et terminé par une queue de poisson... Tel est représenté Mahomet dans la marge d'un manuscrit du XIIe siècle. Alors que le monde s'enflamme après la publication de caricatures du Prophète dans un journal danois, enquête sur une image vieille de plus de 800 ans.

Un recueil de textes sur l'islam, rassemblés au XIIe siècle par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, et qui comprend une traduction du Coran, contient, en marge d'un passage, une image caricaturale du prophète Mahomet.

Le dessin, à l'encre, probablement exécuté par un scribe ou un lecteur peu après la compilation, représente le Prophète avec une tête barbue prolongée par un cou de cheval couvert de plumes et terminé par une sorte de queue de poisson. Le nom du Prophète " Mahumeth  " se trouve dans un cercle, à droite du dessin.

Ci-contre le relevé qu'en a fait l'historien de l'art Jurgis Baltrusaïtis pour un article de Marie-Thérèse d'Alverny, spécialiste de la philosophie arabe qui a étudié le manuscrit en question il y a un demi-siècle : "Deux traductions latines du Coran au Moyen Age" 1, publié en 1947-1948.

Ce même dessin a été republié en 1958 par les éditions du Seuil pour l'ouvrage de Jacques Le Goff, Les Intellectuels au Moyen Age , sans provoquer, à l'époque, la moindre réaction.

1. Dans quel contexte cette image a-t-elle été produite ?

 Au XIIe siècle, on est en pleine reconquête de l'Espagne sur les musulmans. A cette date, d'importantes communautés juives, musulmanes ou chrétiennes arabophones mozarabes sont passées sous la domination des rois de Castille-Leon et d'Aragon.

C'est dans ce contexte que Pierre le Vénérable, neuvième abbé de Cluny entre 1122 et 1156 et réformateur de l'ordre, au cours d'une tournée d'inspection des monastères bénédictins d'Espagne, décide de commander une traduction du Coran complétée, selon ses propres termes, d'une " argumentation contre l'exécrable et nuisible hérésie de Mahomet  ". Ainsi, les " Latins " pourront " s'instruire des choses qu'ils ignorent " et " se rendre compte à quel point cette hérésie est pernicieuse, afin qu'ils puissent la combattre et la rejeter ".

Pour cela, l'abbé de Cluny réunit une équipe de traducteurs. Le résultat est un recueil de textes, dont la traduction du Coran, connu sous le nom de Collectio Toledana "Recueil de Tolède", achevé vers 1143-1144. Il est aujourd'hui conservé à la bibliothèque de l'Arsenal, à Paris manuscrit 1162. Un court traité de Pierre le Vénérable, la Somme de toute l'hérésie des Sarrasins , véritable plaidoyer contre l'islam, lui sert de préface2.

C'est dans un opuscule qui contient des légendes musulmanes, notamment sur l'histoire de la famille du Prophète ou sur les circonstances merveilleuses de sa naissance, que figure cette représentation grotesque de Mahomet. Plus précisément, le dessin s'inscrit en marge d'un passage où est prédite la venue du Prophète. Marie-Thérèse d'Alverny explique qu'on retrouve cette illustration "  dans plusieurs manuscrits de la compilation  ".

2. Comment faut-il comprendre cette image ?

D'après Marie-Thérèse d'Alverny, cette étrange représentation du Prophète est à rapprocher des vers du poète latin Horace dans L'Art poétique  : " Supposez qu'un peintre ait l'idée d'ajuster à une tête d'homme un cou de cheval et de recouvrir ensuite de plumes multicolores le reste du corps, composé d'éléments hétérogènes ; si bien qu'un beau buste de femme se terminerait en une laide queue de poisson.  " Et de conclure : "  A ce spectacle, pourriez-vous, mes amis, ne pas éclater de rire ?  "

Le rapprochement s'explique : ces vers sont évoqués dans la Somme de toute l'hérésie des Sarrasins de Pierre le Vénérable, qui s'en sert pour critiquer la nature hybride de l'islam qui aurait, selon lui, emprunté à nombre d'hérésies connues comme les nestoriens ou les manichéens. Pierre qualifie ainsi Mahomet de "  monstrueux, doté d'une tête d'homme avec un cou de cheval et couvert de plumes  ".

Le dessinateur a illustré cette idée, avec en tête les vers d'Horace. Comme l'a souligné Marie-Thérèse d'Alverny, il a rajouté de lui-même la queue mentionnée par le poète. L'hybridation et le mélange des règnes ici : l'humain et l'animal est un procédé d'une remarquable efficacité plastique qui peut induire le rire, mais aussi la curiosité, voire un certain malaise : l'humain qui s'apparente à l'animal est de nature diabolique.

Avec la queue et la barbe, ce dessin peut faire penser , nous dit le médiéviste Jacques Berlioz, à un triton, créature à tronc humain et à queue de poisson simple ou double, figure plutôt négative présente dans la sculpture romane.

Pour Jean Wirth, spécialiste des images médiévales, il semble avoir la même signification que les sirènes ou les centaures : leur humanité n'est qu'apparente et cache une profonde bestialité.

3. Représenter Mahomet, et de cette façon-là, était-ce un blasphème ?

D'après Jean Wirth, il s'agit surtout ici de montrer que l'islam est une doctrine ennemie. Cet être monstrueux, diabolique, même, amène à assimiler cette religion à une hérésie. Reste que se trouve ainsi tournée en dérision une figure révérée par d'autres. Cette image est un peu, finalement, "comme un juron lâché en passant par le copiste".

Il est difficile de savoir si l'auteur de ce dessin avait ou non conscience de commettre, aux yeux de l'islam, un blasphème. Cependant, nous indique Jean Wirth, les chrétiens, du moins ceux qui fréquentaient des musulmans, savaient à cette époque que ces derniers ne recouraient pas en général aux représentations figuratives - pas plus que les Juifs. Faire des images, pour les chrétiens, surtout des images de culte, c'était donc se définir en opposition à l'islam et au judaïsme. Mais pas forcément blasphémer.

Gabriel Martinez-Gros, spécialiste de l'islam médiéval, nous rappelle qu'on ne blasphème pas un imposteur - ce qu'est Mahomet pour Pierre le Vénérable et pour la chrétienté en général.

D'autre part, il est fort peu probable que le moine chrétien qui a exécuté ce dessin ait pu avoir l'idée de commettre un blasphème par le simple fait de représenter le Prophète. Car du côté musulman, cette question n'était alors l'objet d'aucun débat ni polémique.

4. D'où vient donc l'interdiction de représenter Mahomet ?

Il n'existe aucune interdiction des images dans le Coran, ni même de l'image du Prophète, déclare Jean Wirth. D'ailleurs, ajoute Gabriel Martinez-Gros, en Iran, au XIVe siècle, comme dans l'Empire ottoman au xvie, Mahomet est peint à visage découvert. Plus souvent cependant, à partir du XVIe siècle, il est voilé.

Mais, il est vrai que Mahomet est peu représenté. D'une manière générale, la figuration d'hommes ou d'animaux suscite de fortes réserves dans l'islam : les peintres, et plus encore les sculpteurs sont soupçonnés de vouloir imiter la vie, dont Dieu seul a le secret.

5. Existe-t-il dans l'art médiéval d'autres dessins qui caricaturent des motifs religieux ?

En ce qui concerne Mahomet, il est assez souvent représenté, nous précise Jean Wirth, dans les enfers des Jugements derniers italiens en compagnie de l'hérétique Arius3 ou de Judas4. On trouve aussi beaucoup de textes polémiques, nous rappelle Gabriel Martinez-gros, au Moyen Age et aux Temps modernes, où Mahomet est dépeint comme un personnage lubrique.

Mais Jean Wirth nous apprend qu'il existe aussi, dans la tradition chrétienne médiévale, des exemples de dessins qui tournent violemment en dérision la religion. On découvre ainsi dans les marges des livres de prières, dessinées probablement entre 1250 et 1350, des caricatures très osées : un singe en train de déféquer dans un calice, un autre qui procède à l'eucharistie...
Par Juliette Delabarre"


 http://www.histoire.presse.fr/actualite/infos/une-caricature-de-mahomet-il-y-a-800-ans-01-04-2006-7048



mercredi 7 janvier 2015

18 nivôse, an CCXXIII



Attentat contre Charlie-Hebdo


Un politique a dit "C’est un état de guerre !", mais bien sûr que nous sommes en état de guerre forcée ! Nous le savons depuis la Révolution et surtout depuis la loi de 1905, séparant l’Église et l’État...

 Nous sommes obligés d’être en guerre, en résistance, nous libre-penseurs, depuis des siècles, contre l’obscurantisme, contre toutes ses croyances infantiles qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, du petit Jésus à Mahomet, en passant par tous ceux qui propagent et tentent chaque jour de nous imposer leur dieu, leur système et leur dogmatisme...

Nous ne récoltons aujourd’hui que ce que la plus grande partie des dirigeants politiques a semé depuis un siècle, en détricotant progressivement la loi de 1905, en prônant l’Éducation nationale, sans lui accorder les moyens financiers nécessaires, et en continuant à envoyer leurs enfants dans le privé...

Nous récoltons aussi aujourd’hui l’abandon des banlieues, ces franges volontairement ignorées, réservoir de croissance à main-d’œuvre tiers-mondiste, des décennies durant, et sur le terreau desquelles ont prospéré tranquillement radicalisme et criminalité...

Charlie-Hebdo paye aujourd’hui cet abandon d’éducation et de volonté politique de formation à l’intelligence et aux savoirs.